Il est difficile de concevoir un art qui soit aussi étroitement lié à son présent que ne l’est l’art contemporain. En effet, l’art contemporain est issu d’une rupture inouïe avec les pratiques artistiques du passé. Il semble prendre son point de départ dans une profonde amnésie par rapport à ce qui le précède. Les distinctions esthétiques traditionnelles, entre forme et contenu, autonomie et hétéronomie, ou oeuvre et critique, ne sont plus pertinentes quand il s’agit de cet art.
Mais qu’est-ce qu’alors que l’art contemporain? Cette question a pu être posée par l’historien, le théoricien, voire le sociologue de l’art. Mais elle n’a pas encore été soulevée comme question philosophique – comme question qui cherche à établir l’essence de l’art contemporain. La réponse donnée, dans ce livre, à ladite question est double. D’une part, elle est positive: dans son essence, l’art contemporain est la fiction d’un pur faire. D’autre part, elle est négative: l’art contemporain est le site où se révèle comme nulle part ailleurs l’idéologie politique du capitalisme néolibéral.