On se propose dans ce livre de relire l’Histoire occidentale à partir du problème de l’appropriation. L’Histoire ne serait pas celle de l’Esprit (Hegel) ou de l’être (Heidegger), mais celle de notre appropriation de la Terre. Une Histoire de l’avoir reste ainsi à faire. Dès son commencement, cependant, une confusion sémantique a recouvert le sens originel de cette appropriation, qui n’est pas possession prédatrice, mais procès de (co-)propriation, déploiement de ce qui est « approprié » pour bien vivre dans cette copropriété des vivants. Cette oblitération fit que l’Histoire occidentale se déploya comme un arraisonnement de la Nature, et un effacement de cette éco-logique. Le sens de notre Histoire, qu’on croyait finie, s’indique par là même: penser une appropriation de la vie terrestre rendant possible sa pérennité et sa continuité. L’Ecologique de l’Histoire articule cette hypothèse nouvelle et inédite.
« Il y a plaisir à saluer l’arrivée d’un philosophe tout neuf qui soudain bondit dans le cortège dionysiaque. Plus on est de fous, plus on pense, le proverbe dit vrai et notre temps de misère a plus que besoin de se refaire – s’il se peut – une vigueur spéculative. » (Jean-Luc Nancy)